Bonjour,
Voici les premieres nouvelles toutes fraiches de notre periple ! Le clavier ne nous permets pas de mettre les accents, alors a vous de dechiffrer
La veille de notre depart pour Kozyrievsk, dernier village de 3000 ames avant des centaines de km2 de nature sauvage, nous rencontrons par hasard dans une librairie un couple de guides. Il s’avere que Maxime se rend sur le meme depart que nous avec des clients le jour d’apres et nous propose de monter dans leur camion. C’est parfait, ce sera 5 fois moins cher!
Nous nous rendons donc a Kozyrievsk moyennant 7h de bus sur une piste. Apres une journee dans ce village du bout du monde, hante par des hordes de moustiques ou nous avons vu en tout et pour tout 3 enfants faisant du velo, nous montons a bord d’un camion URAL 6×6. Nous mettrons 3heures a rejoindre notre point de depart. La soiree avec Maxime et ses clients est fort sympathique et bien arrosee de vodka et de ‘nasdarovye’.
Au matin nous posons sur nos epaules nos sacs… tres lourds… a ce moment la ils doivent faire 35kg chacun. Nous mettons deux jours a traverser un plateau vallonne pour nous rendre au pied de la moraine du glacier du Kliouchevskoy. Nous pensions mettre une grosse journee, mais c’etait avoir sous-estime le terrain et sur-estime notre capacite a avancer avec de telles charges.
Nous deposons de la nourriture a la moraine et entamons la montee sous une pluie incessante. Reveil sous la neige, remontee du glacier, chute d’Olivier dans une crevasse, traversee du glacier dans le brouillard, ce qui nous vaut de traverser trop tot et de nous retrouver au milieu des crevasses, et puis remontee de la moraine pour poser le bivouac 200m sous le col entre le Kamen et le Kliouchevskoy.
4h30 : il fait grand beau, c’est parti ! Au fur et a mesure de notre ascension, le vent se renforce. Nous remontons l’arete sud, et le vent redescend du sommet. Nous le prenons de plein fouet. Il ne fait pas tres froid, dans les -8/-10, mais les 80km/h de vent nous gelent. Vers 3900m, nous decidons de rentrer en entier : Olivier commence a avoir le nez gele et Cecile un orteil… Nous sommes vraiments decus car le plus haut sommet du Kamchatka nous echappe en raison d’un equipement trop light pour ces conditions meteo. Mais comme on dit les choses ont leur raisons… nous avons appris que la montagne a deja fait payer un lourd tribu aux hommes: de nombreux alpinistes sont morts en raison des bombes du volcans. Alors peut-etre est-ce mieux ainsi.
Nous passerons les prochains jours a traverser un grand plateau a 1500m d’altitude, passer deux cols, traverser des ravines a flanc de montagnes, traverser des etendues de sables volcaniques pour arriver a Leningraskaya Baza au pied du volcan Tolbachik.
Cette annee il a beaucoup neige, nous croisons donc de nombreux neve qui nous garantissent l’hydratation. Les fleurs forment des parterres multicolores dans la tundra. Les champs de laves et sables noirs sont parsemes de fleurs jaunes fragiles. C’est splendide. Ces journees auront ete froides a cause du vent et il aura plu un peu tous les jours histoires de nous rappeler que la vie au grand air n’est pas de tout repos!
A la base Lenine, c’est le grand luxe (par rapport a la tente) : plusieurs cabanes ont ete construites dans les annees 70 pour servir d’observatoire aux scientifiques apres la grande eruption du Tolbachik et de centre d’essai au premier vehicule lunaire russe. Nous avons un sentiment tres different que dans un refuge de montagne ordinaire. Nous sommes sur un lieu ou les plus eminents scientifiques russes ont travaille. De plus l’endroit fut certainement top secret pendant plusieurs decennies… Il y un poele et du bois et aussi de la nourriture laissee par des touristes. Ce soir c’est royal au bar!
Nous mettrons deux jours avec un camp intermediaire pour parvenir au sommet de l’Ostry Tolbachik culminant a 3672m d’altitude. L’ascension n’a pas ete facile puisque nous avons du remonter une arete chargee de neige sous 80km/h de vent, la descente non plus : perdus dans le brouillard… merci le GPS!
A ce point de l’expedition, nouis devons prendre une grande decision. En effet nous devons faire face a deux facteurs qui supposent de modifier notre itineraire : 1, nous sommes en retard sur l’itineraire prevu en France et 2, ne pouvons traverser la foret qui doit nous mener plus au sud…. Nous avons decouvert que la foret est totalement inextricable et un enfer de moustiques. Rigolez… mais qui ne l’a jamis vu ne peut pas en prendre la mesure. Surtout que 2009 a connu un printemps chaud et le cru est exceptionnel. Y penetrer est tout simplement suicidaire. Que faire? Tout arreter ici, ou bien trouver une solution pour un nouvel itineraire sense ? Nous faisons tourner nos meninges et trouvons une solution satisfaisante : nous retournerons au col Talud, de la grimperons le volcan Udina, puis descendrons un plateau pour nous rendre dans les montagnes quasi inexplorees de Tumrok, pour ensuite nous rendre jusqu’a la base touristique de Tumrok, et soit grimper le volcan Kizimien si nous arrivons a faire de “lhelico-stop” ou rentrer a pied jusqu’au village de Lazo en 3 jours.
Requinques par une journee de repos, la seule de notre trek-expe-aventure, nous tentons trois jours plus tard l’Udina. Ce volcan culmine a 2920m d’altitude. Nous parvenons au sommet sous un ciel bleu pur, par une arete en pile d’assiettes, et une pente de neige dure qui depasse les 40. La vue est incroyable. Nous sommes devant un panorama a 360 degres qui nous offre la vue depuis le Tolbachik jusqu’ au Kliouchevskoy, et de l’autre cote nous decouvrons le plateau que nous allons decendre 4 jours durant avec en fond de toile les montagnes mysterieuses de Tumrok.
Cette deuxieme partie de l’aventure sera caracterisee par un beau temps exceptionnel - une pluie en 15 jours -, de la chaleur et des quantites meme pas imaginables de mouches (qui piquent bien sur) et de moustiques. Souvent nous marchons avec la moustiquaire car l’anti-moustiques fait rigoler ces armees de trompes assoiffees. Nous avions imagine un plateau semblable aux steppes de Mongolie mais pas du tout : c’est tres valonne et la vegetation est assez haute, ressemblant un peu a la vegetation de nos moyennes montagnes versant humide. Au bout, des dizaines de lacs refletent les montagnes, la vue est encore une fois a couper le souffle.
Nous commencons la traversee des montagnes de Tumrok tout excites a l’idee de passer la ou peu voir pas de plantigrades a deux pattes ont deja pose le pied. Le massif est relativement accidente alors notre carte aux 200 000 s’avere vite d’une efficacite tres limitee. Heureusement le temps est avec nous, alors entre la navigation au GPS et a l’oeil nous avancons vers l’inconnu. Notre but est le point culminant du massif a 2164m, puis la redescente par une grande vallee sur le pont de la riviere Schapina.
Chaque jour nous esperons que la prochaine valle debouchera sur un passage. Parfois il est difficile d’y croire tant les montagnes sont impraticables : immenses tas de sable coiffes de falaises peteuses. Dernier col avant de decouvrir la montagne convoitee, plus que quelques pas…. et c’est la grande deception………. aucun doute a avoir, cela ne passe pas. Nous sommes devant un paysage fantastique, surrealiste : des montagnes de sable tres raides rouges et jaunes. La riviere qui coule qulques 800m plus bas est jaunie. Les falaises nous regardent d’un drole d’oeil. Le paysage est notre consolation! Et meme si c’est un peu dur a encaisser sur le vif, c’est ca l’aventure: passera, passera pas, eh bien cette fois passera pas voila tout!
Nous decidons de redcescendre sur cette vallee. Nous ne voyons pas toute la descente, la partie inferieure etant cachee par des ruptures de pentes surement annonicatrices de falaises. Mais nous tentons notre chance. Apres quelques ravines impossibles a decendre nous finissons par trouver un passage. Nous continuons suivant le lit de la riviere, et ce sont trois jours de descente en enfer qui nous attendent.
La foret tant redoutee doit desormais etre franchie… des vernes de 2m de haut nous barrent la route, nous subissons les attaques incessantes des moustiques, notre vue se limite a 50cm a cause d’une vegetation totalement deraisonnee qui se dresse devant nous : des tiges de 3cm de diametre pour une taille de plus de 2metres. Des heures de galere, et puis une trace d’ours et d’elans nous permet de sortir plus facilement. Le soir nous plantons la tente a la limite d’un marecage que nous mettrons deux jours a traverser. La progression sera tellement difficile qu’il nous faut 2 jours harassants pour faire 14km! Nous sommes totalement a bout physiquement et mentalement. Nos rations de nourriture, un peu maigres, ne facilitent pas la tache : la sensation de faim n’est pas tant le probleme mais nous nous sentons rellement diminues physiquement. Nous ne prenons meme pas de photos tellement les conditions sont difficiles. Cecile s’embourbe jusqu’au sommet des cuisses, et sort grace a Olivier.
Il nous faut une journee pour arriver a la base touristique de Tumrok, anciennement une base de volcanologues implantee pres du volcan Kizimien pres de sources d’eau chaude. Aujourd’hui se trouve un hotel de luxe que les touristes tres aises peuvent acceder uniquement par helicoptere. Nous sommes accueillis par le personnel qui nous offre immediatement le the. Quel reconfort! Nous apprenons que de riches moscovites arrivent ce soir et repartent demain matin. Comme ils ont affretes l’helicoptere et qu’il reste de la place, nous sommes invites a profiter du voyage. Ainsi nous survolerons gratuitement en 30 min le parcours effectue en 30 jours. Et puis nous attendrons 3 jours le bus a Kozyrievsk pour redescendre sur Yelizovo.
Dur, intense, magnifique, demesure.